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Une nouvelle norme fait converger voix, données et électricité
mardi 24 juin 2003
Concentrant courant électrique, voix et données sur un même câble Ethernet, la technologie Power over Ethernet, la norme 802.23af a été approuvée par l’IEEE. Outre une réduction des coûts, le PoE pourrait redonner du crédit à la voix sur IP et faciliter le déploiement des réseaux locaux sans fil.
Petit à petit, une nouvelle technologie fait son nid : le Power over Ethernet (PoE), ou Power over LAN. Celle-ci permet de faire converger sur un seul câble la voix, les données et le courant électrique.
Discrète, elle bouleverse la face des réseaux. Et semble en passe de se répandre sur le marché : les premiers équipements totalement intégrés et conformes à la norme 802.3af ont en effet été dévoilés par le pionnier en la matière, PowerDsine.
Celui-ci a d’ailleurs déjà signé des accords OEM avec de nombreux équipementiers du marché, à savoir 3Com, Alcatel, Avaya, Nortel, Nokia, Ericsson, Siemens, Fujitsu ou encore Proxim, pour l’intégration de la technologie dans leurs futures gammes de produits.
Un engouement généralisé en somme, qui s’explique par les atouts de la technologie. Car le PoE est une source d’économies substantielles, puisqu’il simplifie considérablement le réseau.
La commission des normes de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronic Engineers) a approuvé le 12 juin dernier la norme 802.23af-2003, qui définit les spécifications permettant de transmettre une alimentation électrique par des câbles Ethernet standards.
Une économie de 75 % dans le déploiement des LAN
Plus besoin de systèmes de câblage distincts pour alimenter et transmettre les données aux périphériques. Un large champ d’application s’ouvre, et téléphones IP, points d’accès sans fil, webcams, portables, PDA ou terminaux de sécurité pourront bénéficier de cette technologie.
" Mais, si l’intérêt est grand pour les équipementiers, il l’est encore plus pour les entreprises. Ce sont finalement nos premiers clients " , déclare Igal Rotem, directeur et cofondateur de PowerDsine.
Puisqu’il n’est plus nécessaire de placer des câbles distincts pour l’alimentation et la transmission des données au coeur de l’infrastructure, le Power over Ethernet peut donc réduire les frais d’installation LAN de près de 75 %, souligne la société. La maintenance est, par ailleurs, divisée par deux. Pour l’heure, les entreprises disposant déjà d’un réseau doivent encore investir dans la solution.
" Cela leur coûte pour l’instant l’équivalent du prix d’un commutateur. Mais sur le long terme, les économies sont bien réelles " , ajoute Igal Rotem.
Autres atouts : d’une part, il n’y a plus de risque de perte des opérations téléphoniques en cas de panne de courant, et d’autre part, les réseaux locaux sans fil peuvent disposer de points d’accès même dans les locaux ne disposant pas de prises électriques. Le 802.3af facilite donc la mise en place d’un tel réseau.
Fournir une alimentation continue
Si de prime abord, le PoE semble simple, il en est autrement en réalité. " Pour que cette technologie ait du succès au sein des entreprises, il est impératif qu’elle ne bouleverse pas les infrastructures en place, et la convergence courant-données ne doit pas endommager ces dernières " , souligne Igal Rotem. En pratique, pour que le réseau Ethernet puisse transporter de la puissance, un module spécifique est indispensable.
Cet équipement, baptisé PSE (Power Source Equipement) par PowerDsine, injecte un courant de 48 V dans le réseau Ethernet par les câbles RJ-45 standards de catégorie 3 ou 5. Il permet de détecter également si le terminal connecté est compatible ou non.
La plupart des équipementiers metteront en oeuvre la technologie au sein même de leurs équipements, mais une version externe et indépendante restera disponible. Couplés à un onduleur, les concentrateurs peuvent également fournir une alimentation continue aux périphériques réseaux, entraînant là aussi des économies.

Une gestation difficile
Quelques points techniques ont retardé la procédure de ratification du 802.3af au sein du groupe de travail de l’IEEE.
– La puissance qui, finalement, ne devra pas dépasser 15 W.
– L’usage des paires Ethernet et/ou des paires non Ethernet. Les deux seront possibles.
– La technologie de négociation entre le commutateur et l’équipement alimenté. Il faut en effet un mécanisme qui permette de détecter si l’équipement connecté supportera les 15 W. Ce mécanisme a été difficile à mettre en place car il doit gérer toutes les cartes existantes. Désormais, le dernier projet en date (3.2) semble être globalement stable.
Le câble recyclé
La technologie 802.3af exploite les paires inutilisées des câbles RJ-45 standards de catégorie 3 (deux paires) et de catégorie 5 (quatre paires). Dans le premier cas, très rare, les données et le courant sont transportées sur les mêmes paires, mais à des fréquences différentes. Celles-ci sont ensuite filtrées par l’équipement final. Dans le deuxième cas, les paires inutilisées sont exploitées. L’Ethernet utilise en général uniquement les fils 1, 2, 3 et 6 pour transporter les données, pour le courant ce seront donc les fils 4, 5, 7 et 8 qui seront utilisées. En amont, le module PSE devra identifier si le terminal est compatible avec la norme. S’il ne l’est pas, le courant peut passer par les paires 1, 2, 3 et 6 et ainsi corrompre les données.
Cisco dans la partie depuis longtemps
Vincent Blavet , ingénieur chez Cisco : " Le PoE existe depuis deux ans chez Cisco " À l’instar de PowerDsine, Cisco est également l’un des rares constructeurs disposant d’une solution Power over Ethernet depuis deux ans.
" En mars 2000, nous avions intégré notre version propriétaire du Power over Ethernet, baptisée chez nous Inline Power, dans la gamme Catalyst 4000 et 6000. Nous avons déjà vendu 8 millions de ports ! ", souligne Vincent Blavet, ingénieur chez Cisco.
En fait, Cisco offre les deux types d’équipements : modules internes ou modules externes pour les Catalyst plus anciens ne prenant pas en compte la technologie Inline. La solution du constructeur n’est, pour l’heure, pas complètement compatible avec le standard et ne fonctionne qu’avec les terminaux Cisco.
Cependant, en tant que membre actif du groupe de travail au sein de l’IEEE, Cisco compte bien s’adapter aux contraintes du standard. Une fois celui-ci ratifié, il procédera à l’évolution de ses produits.
Kareen Frascaria
Voir en ligne : Article de 01Net - 24/06/2003