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La protection d’iTunes Music Store contournée

mercredi 26 novembre 2003

Le hacker militant DVDjon, célèbre pour avoir cassé la protection des DVD, s’en prend aujourd’hui à iTunes Music Store. Il publie un logiciel capable de sauvegarder, sans leur protection, les morceaux achetés à la boutique musicale d’Apple.

Après les DVD, c’est au tour de la boutique en ligne d’Apple d’intéresser Jon Lech Johansen. Le hacker norvégien vient de publier sur son blog un outil baptisé Qtfairuse, chargé d’enregistrer dans un fichier n’importe quelle chanson achetée sur iTunes Music Store et jouée avec le lecteur officiel QuickTime.

L’intérêt de QTfairuse est cependant essentiellement académique : au lieu de capturer le flux audio une fois qu’il a été déchiffré et qu’il est envoyé à la carte son (ce que font déjà d’autres logiciels), QTfairuse intercepte les données lorsqu’elles sont encore dans leur format original (ACC [1]) mais juste après que leur protection a été supprimée par le lecteur QuickTime. L’outil du hacker permet ainsi d’écrire sur le disque les données « brutes », c’est-à-dire dans leur format original mais sans leur protection. Pour l’heure, les représentants d’Apple en France n’ont pas été en mesure de commenter cette information.

Des conséquences très limitées

Reste que si cette prouesse semble faire plaisir aux puristes, ses applications sont bien limitées : les données ACC enregistrées ne peuvent pas être jouées telles quelles par un logiciel audio. Si elles sont la « substantifique moelle » du fichier sonore, la musique elle-même, il leur manque les en-têtes nécessaires pour constituer un fichier lisible au format reconnu, tel le mp4. Bien sûr, les forums de passionnés bruissent des conseils plus ou moins avisés quant à la meilleure manière de redonner à ces données brutes des en-têtes adéquats.

Mais le débat demeure une affaire de spécialistes : la majorité des utilisateurs du service iTunes sont incapables d’exploiter ces fichiers ACC, et, surtout, ils ne le souhaitent probablement pas : il est beaucoup plus simple de payer 99 cents pour télécharger son morceau que de passer par les contraintes de la compilation de QTfairuse (qui n’est livré que sous la forme de code source) et de l’ajout des en-têtes ad hoc afin de reproduire un fichier que l’on a déjà...

Bien sûr, on peut être tenté de retirer la protection d’un morceau que l’on a légitimement acquis afin de l’écouter sur un autre ordinateur (un portable, par exemple). Mais pour cela, des outils permettent déjà d’intercepter la musique déchiffrée lors de son envoi vers la carte son et de l’enregistrer dans d’autres formats immédiatement exploitables. En théorie, la qualité en souffre. En réalité, à moins d’être mélomane et très bien équipé, il est difficile d’entendre la différence.

La diffusion de QTfairuse ne devrait donc pas changer grand chose dans le monde de la musique en ligne. Mais il apporte une nouvelle preuve des limites des protections numériques mises en place par les éditeurs.

AAC contre WMA

Mais Apple n’est évidemment pas la seule cible des pirates. Le format de fichier WMA (Windows Media Audio) retenu par Microsoft pour la diffusion de musique en ligne, subit lui aussi depuis quelques années les attaques de hackers. La firme de Redmond, qui entend en faire un standard international, y a également intégré un système de gestion des droits approuvé par la majorité des industriels. Impossible en effet, pour les nouveaux services de musique, de se lancer sans utiliser un système DRM. Roxio avec Napster, Musicmatch ou encore BuyMusic et le Dell Music Store, tous utiliseront la solution de Microsoft, et donc le format WMA.

Reste, au delà des atteintes au système de DRM, la volonté de dominer le marché, quitte à compliquer la tâche des acheteurs de musique ! Microsoft ne fournira pas de compatibilité avec les fichiers AAC, pas plus qu’Apple ne sera compatible avec le format WMA. Du moins pour l’instant, car le premier objectif des deux firmes est de s’imposer face au format MP3, fort de ses lecteurs, baladeurs, platines de salon et autres appareils compatibles, ainsi que des millions de morceaux de musique existant dans ce format. Face à lui, ni l’AAC ni le WMA ne font le poids. Pourtant, dans leurs juke-box respectifs, Apple et Microsoft imposent par défaut leur format de prédilection. Dans iTunes, les musiques extraites de CD audio sont transformées par défaut en AAC à 128 Kbits/s, tandis que le Windows Media Player encode en WMA. Un bras de fer qui ressemble un peu à la lutte dans les années 90 entre Netscape Navigator et Internet Explorer. Autant dire que tous les coups sont permis !

Le Kazaa pour Mac est arrivé

Parallèlement à l’intérêt que suscite le contournement du système DRM d’iTunes Music Store, un programme d’échange de fichiers pour plate-forme Macintosh, très proche du célèbre Kazaa, connaît un succès grandissant. Comme le rapporte la lettre Grandlink Music News, ce programme nommé "Poisoned" a été téléchargé sur le site Download.com plus de 189.000 fois.

Un record pour ce type de logiciels pour Mac OS, dont les ancêtres comme Limewire n’avaient pas fait l’objet d’un tel engouement. Poisoned permet d’accéder aux réseaux P2P de Kazaa, Grokster et iMesh ; il devrait également être compatible avec les protocoles de Gnutella et OpenFT. Si son développement se poursuit, il pourrait à terme faire de l’ombre à l’iTunes Music Store.

Article de Jérôme Saiz (01net), avec des extraits d’articles de Marc Geoffroy (VNUNet), et de Christophe Guillemin (ZDNet)


Voir en ligne : Article de 01Net - 25/11/2003


[1L’AAC ou Advanced Audio Codec (Codec audio avancé) est considéré comme le successeur du MP3. On pourrait presque parler de standard MP4. D’autant qu’il s’agit en fait d’une version sonore du standard vidéo Mpeg-4 et qu’il repose sur un codec développé par les laboratoires Dolby. Il a été retenu au niveau international comme norme ISO (ISO/IEC 14496-3).

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