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La fée électricité se penche sur le haut débit

lundi 25 avril 2005

La Haye-du-Puits inaugure un accès Internet rapide, hors lignes téléphoniques.

La Haye-du-Puits, son donjon, son bocage et son Internet par l’électricité... Ce gros bourg installé en bordure de la Manche face à Jersey étrenne un nouveau service : un accès Internet haut débit inédit via le réseau électrique. Depuis ce matin, Infosat, petit fournisseur d’accès Internet spécialiste des zones rurales, offre aux 2 400 habitants du bourg un débit de 1 mégabit par seconde (mbps), plus une ligne téléphonique avec appels gratuits vers les téléphones fixes en France, pour 29,90 euros par mois. Banal, diront certains. Pas vraiment.

L’offre est unique en France. Au lieu d’emprunter le fil de cuivre comme c’est le cas pour l’ADSL, le haut débit circule sur le réseau électrique... « La technologie est mature », affirme bien haut Patrick Devedjian, ministre délégué à l’Industrie, venu vendredi à la mairie de La Haye-du-Puits donner le coup d’envoi au lancement en France des premiers services commerciaux.

Cobayes

Il a fallu un an de rodage, de tests divers, le concours d’une trentaine de cobayes particuliers, et surtout l’appui de Schneider et d’EDF, pour mettre au point le procédé. « On dispose à présent d’un modèle pour desservir un certain nombre de bourgs ruraux », assure Philippe Le Grand, qui pilote le projet pour le conseil général de la Manche. Le département, une presqu’île à dominante rurale, est le premier concerné. Le haut débit n’irrigue aujourd’hui, via la ligne téléphonique, « que 50 % du territoire et 80 % de la population ». Fin 2006, quand tous les centraux téléphoniques seront équipés pour l’ADSL, « il restera encore 5 à 10 % de la population privés du service, des hameaux isolés ou des habitations loin de tout », estime Philippe Le Grand. C’est cette cible que vise l’Internet par le fil électrique.

Difficile, pour l’instant, d’assurer des très hauts débits comme ceux que proposent à la ville les Free, Cegetel ou Neuf Télécom à des prix canons. « On ne sait pas encore faire passer la télévision par le fil électrique », tempère aussi Djamel Chekroun, directeur général d’Edev.CPL Technologie SA, une petite filiale d’EDF, créée tout exprès pour mettre au point le procédé.

Les habitants de La Haye-du-Puits, en revanche, pourront résilier leur abonnement à France Télécom... La vraie nouveauté des courants porteurs en ligne (CPL) est là : il permet de contourner le fil de cuivre de l’opérateur historique. Il ne s’agit pas pour autant de lâcher EDF à ses trousses. « Je ne souhaite pas qu’EDF exerce elle-même des activités d’opérateurs de télécommunications », a pris soin de préciser Patrick Devedjian. Mais comme le rappelle fort à propos le patron d’Edev.CPL : « Le réseau électrique appartient aux collectivités locales et EDF serait malvenue d’empêcher les collectivités de l’utiliser ! »

France Télécom, solidement assise sur sa boucle locale qu’elle exploite avec énergie, va donc devoir composer avec une autre boucle locale, l’électrique, entre les mains des communes. Pour inciter les concurrents de l’opérateur historique à venir à La Haye-du-Puits, ou dans tout autre bourg ou hameau du département, la Manche fait cadeau de sa boucle. « On veut pouvoir offrir sur tout notre territoire les mêmes services et les mêmes prix réservés aujourd’hui aux privilégiés des villes », justifie-t-on au conseil général. Pour l’heure, les Free, Neuf Télécom ou Cegetel boudent les petites villes, estimant que le coût d’accès à la boucle locale de France Télécom et les frais annexes pour s’installer dans les centraux (dégroupage) sont trop élevés.

A l’Autorité de régulation des télécoms, on ne s’attend pas à une déferlante de l’Internet sur le courant électrique. On estime plutôt que les CPL seront une technologie alternative au fil de cuivre, notamment dans les zones rurales, et voués à une place modeste face à l’Internet par ADSL, ultradominant en France avec 6,8 millions d’abonnés.

Vertu. L’Autorité a donné son feu vert, la semaine dernière, au lancement commercial d’offres basées sur les CPL, juste à temps pour la visite du ministre.

A La Haye-du-Puits, à Saint-Lô ou à Coutances, les élus locaux reconnaissaient en aparté à l’expérimentation une vertu : « Du jour où on annonçait un essai avec EDF dans une petite commune, comme à La Haye ou encore à Agon-Coutainville, France Télécom se dépêchait d’apporter son haut débit », raconte un conseiller. Comme pour bien montrer qu’il sera toujours là.


Voir en ligne : Article de Libération - 25/04/2005

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