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L’accès haut débit par CPL : entre réalisme et optimisme

samedi 17 janvier 2004

L’accès internet via la boucle locale électrique connaît un regain d’intérêt. Didier Broxolle, consultant indépendant, affiche un réalisme sans concession, alors que Schneider Electric parie sur son essor.

Didier Broxolle : « Partager une bande passante est toujours un problème, nous l’avons constaté sur les réseaux câblés. »

Didier Broxolle
Consultant indépendant

Didier Broxolle
Consultant indépendant
Pendant trente-cinq ans, il a exercé diverses fonctions dans les domaines de la téléphonie, des réseaux, de l’informatique, et du système de contrôle-commande, ainsi que dans un laboratoire de télécoms, au sein d’EDF.
En plus de son activité de consultant, il est enseignant.

01 Réseaux : Quelles sont les avancées techniques justifiant le regain d’intérêt pour l’accès internet par courant porteur en ligne (CPL) ?

Didier Broxolle : La technique de transmission par courant porteur bénéficie des progrès importants constatés depuis une décennie dans le traitement du signal, l’élément déclencheur de ces avancées étant l’apparition des DSP (Digital signal processor) et des algorithmes de traitement numérique associés. Le regain d’intérêt pour les CPL est suscité par le formidable défi de la boucle locale haut débit. Les recherches et expérimentations se multiplient sur tout type de support, afin de trouver des solutions techniques aptes à concrétiser ce défi. La déréglementation prochaine du domaine électrique renforce l’intérêt pour cette technologie.

Quels débits symétriques nominaux peut-on obtenir sur la boucle locale électrique ?

Tout dépend du contexte. En 1999, un brevet faisait état de 2,5 Gbit/s. MédiaFusion, la société créée pour son exploitation, a disparu presque immédiatement. Il faut se méfier du syndrome des avions renifleurs ! Aujourd’hui, les offres les plus sérieuses proposent 45 Mbit/s. Il s’agit d’une valeur théorique maximale, tous flux confondus, sur un départ électrique... pas trop long. Le débit mis à disposition dépendra donc du nombre d’utilisateurs qui se partageront la ligne.

L’offre actuelle de produits CPL est-elle mature en matière d’interopérabilité ?

Tant qu’il n’y a pas de norme, il n’y a que des expérimentations, et pas d’action massive. À ce jour, il n’y a pas de norme, même à l’état de draft (il a fallu quatre ans pour établir les normes de l’ADSL). Pour un raccordement actuel à une offre en courant porteur, l’offreur fournit un équipement propriétaire qui ne communiquera ­ selon les couches basses du modèle OSI ­ qu’avec un équipement identique ou appliquant les mêmes principes techniques. Heureusement, l’interopérabilité est sauve, grâce aux couches supérieures.

La bande passante est partagée sur la boucle locale électrique : ne pensez-vous pas que cela constitue un frein à la généralisation du CPL ?

Partager une bande passante est toujours un problème, nous l’avons constaté sur les réseaux câblés. Il faut gérer ce partage, et il est difficile de garantir un débit quand de nombreux utilisateurs sont connectés. Cet inconvénient perdurera, contrairement à la réglementation et aux normes.

Face aux technologies xDSL, le CPL a-t-il des perspectives réelles de marché de masse ?

Pour qu’une technologie prenne une part importante du marché, il faut qu’elle fonctionne. C’est le cas, mais pas dans toutes les situations. Que son coût soit inférieur à celui des solutions concurrentes : j’en doute fort. Qu’elle apparaisse au bon moment : le CPL a du retard. Même si le CPL pouvait satisfaire la demande actuelle (512 kbit/s), saurait-il répondre, pour autant, aux besoins d’un futur proche (de 5 à 10 Mbit/s) ?

Les expérimentations de CPL en cours ciblent tout particulièrement la desserte de régions peu denses...

Il est logique d’essayer de combler les manques et de constituer un marché de niche. De fait, l’ADSL se heurte à un problème de longueur de ligne, mais le réseau électrique aussi ! Enfin, une société américaine tente de s’implanter, en expliquant que la technologie CPL est mieux adaptée à l’Europe, car celle-ci dispose d’un habitat moins dispersé !

Schneider Electric : « Les avancées techniques en couverture et en débit changent radicalement le modèle du CPL à haut débit. »

Xavier Pain
Responsable du développement des marchés chez Schneider Electric Powerline Communications

Xavier Pain
Responsable du développement des marchés chez Schneider Electric Powerline Communications
Il était auparavant en charge des développements sur l’accès par CPL chez Easyplug, coentreprise entre Thomson et Schneider Electric. Schneider Electric développe des produits destinés au transport haut débit sur réseaux électriques intérieurs et extérieurs.

01 Réseaux : Quelles sont les avancées techniques justifiant le regain d’intérêt pour l’accès internet par courant porteur en ligne (CPL) ?

Xavier Pain : Aujourd’hui, on note des débits de 20 à 30 Mbit/s, dix fois supérieurs à la première génération de CPL haut débit ; et demain, on obtiendra jusqu’à 200 Mbit/s. En termes de couverture également, l’introduction de techniques de couplage inductif performantes permet des transmissions de qualité et une mise en oeuvre simple et rapide, compatible avec les exigences des exploitants électriques. Cela change radicalement le modèle économique des réseaux CPL, la mise en oeuvre d’un accès haut débit au niveau de chaque poste de transformation n’étant plus nécessaire. Ce coût est mutualisé sur plusieurs postes, donc sur plus d’abonnés.

Quels débits symétriques nominaux peut-on obtenir sur la boucle locale électrique ?

D’abord, la bande passante est partagée par les utilisateurs d’un même réseau électrique. Ensuite, le débit disponible dans la prise de l’utilisateur dépend de la distance qui le sépare du poste de transformation, et du nombre de répéteurs installés par le constructeur du réseau, ce qui résulte d’un compromis technico-économique. On observe sur le terrain des débits utiles de 10 à 20 Mbit/s sur le réseau, et de 5 à 10 Mbit/s au niveau des prises. Sous hypothèse d’un taux de pénétration de 10 à 15 % des foyers, on peut envisager la commercialisation d’une gamme de débits de 1 à 5 Mbit/s symétriques par utilisateur.

L’offre actuelle de produits CPL est-elle mature en matière d’interopérabilité ?

Il existe, avec la technologie de la société espagnole DS2, un standard de fait en matière d’infrastructure haut débit sur réseau électrique. Les équipements conformes aux spécifications de cette technologie peuvent interopérer, quel que soit leur fournisseur. Le processus de normalisation internationale est en cours. PLC Utilities Alliance, l’association internationale des opérateurs d’énergie, oeuvre en ce sens.

La bande passante est partagée sur la boucle locale électrique : ne pensez-vous pas que cela constitue un frein à la généralisation du CPL ?

C’est un faux problème, compte tenu du niveau de bande passante disponible aujourd’hui et des mécanismes de gestion de la qualité de service, qui permettent de fixer des débits minimums et des priorités d’accès à la bande passante entre les utilisateurs. La montée prévisible en débit accompagnera l’évolution des usages.

Face aux technologies xDSL, le CPL a-t-il des perspectives réelles de marché de masse ?

Le marché n’est pas saturé. Les techniques xDSL ont leurs limites, en termes de distance depuis le central téléphonique. Le CPL peut alors compléter ces technologies. Sans compter les parts de marché que le CPL pourra conquérir sur les autres technologies, car il est moins cher dès les premiers effets d’échelle, et apporte le haut débit dans toute la maison.

Les expérimentations de CPL en cours ciblent tout particulièrement la desserte de régions peu denses...

C’est un marché d’introduction pour cette technologie. Car elle permet de résoudre un problème majeur pour notre pays, celui de l’aménagement harmonieux de nos territoires, celui de l’accès partout et pour tous à la société de l’information. Une fois le CPL lancé, de nouveaux marchés peuvent s’ouvrir à cette technologie.

Frédéric Bergé


Voir en ligne : Article de 01Net - 15/01/2004

Messages

  • Il serait sage de prendre en compte les perturbations causées dans le spectre HF utilisé et la vulnérabilité des réseaux PLC au émissions ondes courtes des services officiels (ambassades, Croix-Rouge, radio-amateurs, militaires, etc...)

    Voir en ligne : PLC CANCER DES ONDES COURTES

    • Bonjour,
      La technologie PLC transmise par le réseau électrique est extrèmenent polluante sur les ondes courtes. Les câbles porteurs et tout les éléments raccordés, comme par exemple l’éclairage publique se comportent comme de parfaites antennes ondes courtes. Comme ces ondes se propagent à très longue distance, le PLC risque de mettre à mort toute utilsation des ondes courtes dans le monde. Hors les ondes courtes sont très utilisées dans les pays en voie de développement, ce seront les premières victime d’une technologie des pays industrialisés mal maitrisée. Les autres victimes, sont l’armée, les ambassades, le CICR/HCR, les radioamateurs, etc...

      Dom.

  • Bonjour chers lecteurs,
    plusieurs points m’interpellent dans ces brèves :
    – vous parlez de desservire des régions sans accès ADSL, donc sans accès fibre optique certainement, alors comment allez vous faire pour alimenter le noeud local, transformateur de quartier, qui lui a besoin d’un gros tuyau d’alimentation, pour enfin desservir les maisons en PLC. Si le transfo local peut être desservi par de l’ADSL, câble, alors les maisons aussi, non ?
    – vous dites : "À ce jour, il n’y a pas de norme, même à l’état de draft (il a fallu quatre ans pour établir les normes de l’ADSL). ", vous oubliez certainement la norme NB30 qui de loin est trop légère, ainsi que le Guide technique NT-2721 de l’Ofcom !
    – vous ne parlez nulle part de la fragilité, sensibilité de vos installations aux perturbations externes, appareils ménagers, et émetteurs ondes courtes qui mettent à zéro vostre PLC
    – vous ne parlez pas non plus de la polution engendrée par le PLC au niveau des ondes courtes, perturbant gravement la réception de la radiodiffusion, des fréquences de secours du CICR, des fréquences radioamateur, des radios d’ambassade et j’en passe

    Voilà un bref aperçu de ce que vous pouvez trouver mieux développé, avec exemples à l’appui sur le site http://plc.radioamateur.ch

    Je serais curieux de lire ce que vous en pensez ?

    Avec mes meilleures salutations.

    M@rc

    Voir en ligne : PLC = Cancer des Ondes Courtes

  • Bonjour à tous les lecteurs de cet article.
    Je pense que quand les utilisateurs de cette espèce de "machine à cancer" se rendront compte des dégats causé par cette technologie au spectre électromagnétique (sans parler des rayonements non-ionisants qui perturberont leur sommeil comme les téléphones portables), ces utilisateurs mettront ces appareils à la poubelle. Un jour peut-être un membre de leur famille sera en danger dans un pays lointain pendant que les services de secours ne pourront établir des liaisons radios, étant perturbés par le CPL... Paisible nuit sans CPL.

  • Messieurs.

    Je suis utilisateur des bandes ondes courtes (1,8 à 30 MHZ) en émission comme en réception et entre autres auditeur des radios internationales ondes courtes appelées aussi BCI.

    Pour mon malheur, je réside dans une des rares zones d’expérimentation CPL, plus précisément la zone COURBEVOIE LEVALLOIS du Dép 92.
    Depuis plusieurs semaines, la plupart des stations même quelquefois les plus puissantes, sont devenues quasi inaudibles suite à un brouillage de commutation digitale quasi-constant, avec seulement quelques variations de niveau et parfois absent sur seulement une bande limitée pendant quelques heures. De préférence sur les bandes peu usitées en cette saison.

    Il s’agit bien du bruit généré par le CPL, il est aisé de s’en rendre compte. Les enregistrements que l’on peut écouter sur de nombreux sites de tous les pays où ces essais sont ou ont été tentés ne laissent aucun doute, de même que la répartition en fréquence et la forme auditive des perturbations constatées.
    Je précise que je n’ai pas moi-même de MODEM CPL chez moi et je n’entrerai pas ici dans des discussions techniques. Mon matériel ne peut être mis en cause et est même au-dessus de ce dont disposent une bonne partie des écouteurs : fil de 12 m à l’extérieur, boite d’accord en réception, récepteur avec filtres multiples et DSP sur fréquence intermédiaire numérique etc …
    Malgré cela, rien ne vient à bout ce cette saloperie. Tout fonctionnait parfaitement jusqu’à la mise en place de ce bêta test, comme ils disent …

    Je n’aborderai pas ici l’aspect parfois vital que prend l’écoute des radios ondes courtes dans certains pays du monde, où la première nécessité et préoccupation ne sont pas de télécharger le dernier film du moment à peu de frais.

    En son état actuel technique ou normatif ou les deux, le CPL tel qu’il se présente (au moins sur cette zone) se révèle incompatible avec l’ensemble des serviceset personnes utilisant LEGALEMENT de façon permanente les ondes courtes, ce qui n’est même pas son cas pour l’instant.
    Il me semble important de vous signaler que chaque autorisation de déploiement test CPL délivrée est une source de nuisance potentielle.

    J’espère que très bientôt le simple bon sens et respect de tous les utilisateurs des ondes courtes s‘imposeront.

    En vous remerciant de l’attention que vous avez bien voulu accorder à mon message, cordialement.

    CHRISTIAN
    PS :
    Ce problème n’est pas limité à la France.
    Pour beaucoup de personnes dans le monde, les radios internationales ondes courtes ne sont pas une simple affaire d’écoutes « exotiques ». Elles sont le moyen avec finalement peu de frais de garder un lien avec leur pays d’origine, de transmettre des informations parfois vitales pour des régions entières. Un simple récepteur courant du commerce amélioré par quelques longueurs de fils peut suffire.
    Les auditeurs vivant ces environnements là n’ont pour l’instant que faire des miroirs aux alouettes d’Internet. Un récepteur radio coûte 50 fois moins cher. Est-ce ainsi que l’on prétend réduire l’inégalité face à l’information ? Ou veut-on plutôt que le monde entier se gave au plus vite de numérique, et peu importe le contenu de ce qui est diffusé ?

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