Le Stage Init - St André les alpes - Juin 2003

Nous voilà donc inscrits pour une première semaine de formation - le stage Init - chez Aerogliss, début Juin à St André les Alpes, à 100 Km au nord de Nice dans les Alpes de Hautes Provence et dans le Haut Verdon aussi.

St André pour le parapente, c’est un peu comme Longchamp pour les bucéphales ou Amsterdam pour le ... gouda, c’est là qu’il faut aller parce que c’est là que sont les meilleurs (enfin c’est ce qu’on m’a dit).

Lundi Matin :

– Accueil des stagiaires par les monos, présentations des réjouissances de la semaine, puis tour de table des stagiaires pour expliquer leurs motivations, leurs expériences, leurs inquiètudes, etc ... Ca fait un peu réunion des alcooliques anonymes mais en pas anonymes ni alcooliques d’ailleurs. On fera d’ailleurs un débriefing à la fin de chaque séance, d’un point de vue pédagogique c’est top, ca permet à chacun de bien exprimer ce qu’il a pu ressentir, réussir ou ne pas réussir et d’avoir tout de suite, à chaud, une analyse, un conseil du mono.

– Distributions des voiles selon le PTV (Poids Total Volant, c’est à dire tout ce qui va se retrouver en l’air, le bonhomme tout habillé et sa voile), des casques et des radios.

– Et c’est parti, tout le monde dans le camion, direction la pente école. C’est là que l’on va passer les deux prochains jours à se familliariser avec le matériel, les termes techniques et surtout c’est là que l’on va apprendre à préparer la voile, la gonfler, la garder au dessus de la tête et à courrir comme ca selon un cap, bref à décoller (enfin pas tout à fait, j’vous dirai pourquoi tout à l’heure). Grosso modo voilà ce qu’on pouvait entendre à la radio :

– Tof : Ok FX, tu as fait ta "prévol" ? ("préparation au vol" : disposition de la voile au sol, démélage des suspentes, anarchement dans la selette, casque, choix du cap, remplissage des réservoirs, un coup sur le pare brise et vérification de la pression des pneus, etc.).
– FX : Oui ! Gloups...
– Tof : C’est quand tu veux FX...
– Tof : OK ! Parfait...Continue, Monte la bien au dessus la tête...
– Tof : OK ! Lache les avants et couuuuuuuuuuurs ... (les avants, ce sont les élévateurs avants, ceux reliés au bord d’attaque de la voile, la tranche avant de la voile, par où se fait le remplissage des caissons qui rigidifient la structure)
– Tof : Elle part à gauche, FX ... ! Recentre toi et corrige ton cap !!!

Petite Note explicative : Et oui, il faut toujours être sous la voile pour ca marche, ca a un rapport avec les pendules. Donc dans un premier temps on se place bien sous la voile puis on peut la diriger (la piloter au sol en fait) pour revenir sur le cap initialement choisi. C’est important de savoir se diriger au déco, par exemple si la sortie de déco est entourée d’arbres avec des grosses épines et des lames de rasoirs d’un côté et d’un truc pas sympa non plus de l’autre côté.

– Tof : Ok FX... Tu arrives en bout de champ... Commence à freiner, commence à freiner, doucement... et à fond sous les fesses...
– Tof : Ok voilà FX... Bel essai !!! Ton gonflage n’était pas symètrique et tes bras trop raides et trop en arrière, tu n’as pas accompagné ta voile... Tu as laché les avants un peu tard... et quand je t’ai demandé de te recentrer à gauche pour revenir à droite ensuite, tu es parti à droite tout de suite à l’encontre de ta voile... Ha ! Et quand je te demande de freiner, faut réagir... je veux dire tout de suite.... Mais sinon c’était parfait !!! Bel essai !!! Bravo FX !!! Prends ta voile en bouchon et remonte.

C’est fou, je ne sais pas pourquoi mais j’étais très content quand ils me parlaient les monos, ils étaient très gentils, je me sentais bien et j’avais confiance.

Mercredi matin :

On part sur une autre pente école, un peu plus raide cette fois... On va faire ce qu’on appelle des vols intermédiaires : 70m de dénivelé pour un vol d’une longueur de 250 m environ. Le but de cette séance et d’appréhender les commandes en vol. Le vol se fait debout par ce qu’il est trop court pour que l’on passe assis et qu’on sorte de la selette. Il dure environ 20 à 25".

Exercice de vulgarisation : Pourquoi ca vole ? Et pourquoi que tu décolles là et pas sur la pente d’avant, dis ?!

- Mode Michel Chevalet ON -

Et bin mon petit gars pour essayer de faire court, simple et surtout de ne pas trop raconter de conneries (par ce que je débute après tout), voilà "comment ca maaarche" :

1) Tout d’abord la voile se rigidifie grace à l’air qui rentre dans les caissons quand on donne la première impulsion (c’est les ouvertures que l’on voit sur l’avant de la voile sur le magnifique schèma ).

Ensuite comme pour les avions, un phènomène de portance apparaît sur la voile grâce à la dépression et la surpression qui se créent par défilement de l’air sur la voile, c’est la force qui tire vers le haut !

Pour créer ce défilement deux solutions :
– par vent nul il faut donner de la vitesse à la voile (Schèma A), on galope.
– par vent de face, chaque km/h de vent et un km/h de moins à courrir : cool !!

Note : Une fois en l’air, c’est le plané et le poids du pilote qui permet de conserver cette portance.

2) Ensuite ce qui fait que l’on décolle ou non c’est la finesse par rapport à la pente. La finesse en fait c’est le "coefficient de planification"™ de l’engin : Finesse = Distance Horizontale / Distance Verticale... Pour le parapente c’est 7, le delta autour de 15, et les planeurs approchent le 65. Ce qui veut dire dans le cas du parapente que pour 1000 m parcourus je perds 142m et pour le planeur pour 1000m parcourus je perds 15m !!!

Bref, vous l’avez compris si ma pente a grosso modo la même inclinaison que l’axe de plané bah je vais pas décoller, alors qu’au contraire sur une pente raide je vais très rapidement m’éloigner du relief ...

Pffff, tout ca pour en arriver à une conclusion aussi évidente ! Merci....! En même temps, je tenais à ce que les choses soient bien claires à ce sujet.

- Mode Michel Chevalet OFF -

Mercredi soir :

Voilà, on y est ... On sait tout. On va voler ce soir ! A l’approche du départ, les rythmes biologiques des stagiaires se synchronisent !!! Je sais, ca paraît incroyable mais c’est pourtant vrai !!! Chacun passe plusieurs fois aux toilettes en l’espace de quelques minutes ! Dans le camion qui nous montent au déco en haut du Chalvet (650m de dénivelé), y’a pas grand monde qui la ramène et on dirait que le rythme biologique de l’un d’entre nous a un peu de retard sur celui des autres... !

On s’installe au déco et on prépare nos voiles. Certains en profitent pour faire un tour derrière la rangée de buissons qui borde le déco (vous trouvez peut-être que j’inisite sur ce point, on voit bien que vous n’y étiez pas...). Chacun est concentré sur sa préparation, on répète une nouvelle fois les gestes que l’on a appris depuis le début de la semaine et soudain Delphine est prête, elle va y aller ... Tout le monde s’arrête pour la regarder, "Prête Delphine...?" Ca y est elle vole. Délire !

Puis c’est au tour de Pierro, de Jean-Mi et puis tout le monde ! ON EST TOUS EN L’AIR !!! Et soudain.... C’est le drame ! Mais non ... par contre y’a un beau bordel en l’air !!! On avait pourtant vu un plan de vol auparavant, la veille je crois, rien de bien compliqué, mais là sous le coup de l’émotion (à moins que ca ne soit l’alcool), personne ne respecte vraiment le plan de vol, les caps à suivre et la zone d’approche (de l’attéro) dans laquelle on est censé perdre de l’altitude avant d’entrer en finale pour se poser.

Résultat y’en a (plein) partout !!! C’est un beau bordel multicolore !!! Et le mono qui est à l’attéro commence à peu à s’énerver :"Fred, si tu ne veux pas faire ce que je te demande, je te laisse te démerder...!!!". Tiens c’est marrant Fred bat des jambes comme un fou ... Ha oui, j’ai oublié de vous précisez que l’on ne se sert des radios que dans un sens, bah oui, si on commence à squatter la fréquence pour se raconter des blagues, les monos peuvent plus donner leurs instructions. Donc le seul moyen que l’on a trouvé, nous pauvres stagiaires, pour communiquer avec l’extérieur c’est de battre des jambes !!! Je reconnais que c’est très basique comme language mais c’est un début de communication !

Enfin tout se termine bien et chacun arrive à se poser plus ou moins correctement et plus ou moins précisément ! Putain c’était bonnard !! On a volé !! C’est la première fois qu’on redescendait d’une montagne autrement que par la route ou par un sentier !! On plie, retour à l’école et là Champagne !!! Re Cool ! Durant l’apéro, c’est marrant comme chacun raconte son vol, ce qu’il a fait, vu, entendu, ressenti, etc.

Voilà, voilà ... j’abrège par ce que ca commence à devenir long à mon goût.
On passe le reste de la semaine à voler dès que les conditions le permettent, en général deux vols le matins - le plouf - et un vol le soir. La priorité pour la fin de semaine est de rechercher une autonomie maximum. Sinon le reste du temps, soit on est en cours, aérologie, priorités, etc. soit on va sur l’attéro faire du gonflage statique pour chopper des sensations et améliorer son pilotage. On voit très nettement sur les photos suivantes que je préfère commencer petit avec humilité alors que Jean Mi part directe avec une grosse voile (quel frimeur !!!).

Le Stage Perf - St André les alpes - Sept 2003

Je sais, je sais, vous vous dîtes "putain mais c’est pas fini !!". On va faire court pour ce stage et laisser parler les images. Rapidement, pendant ce stage on vole le plus possible et on attaque les exercices :

– Tangage (mouvement avant / arrière de la voile)
– Roulis (mouvement droite / gauche)
– Laché Radio (il s’agit pas de viser qq chose au sol avec sa radio, mais un vol en autonomie complète)
– 360 (Descente)
– Oreilles symètriques et assymètriques. (fermertures des bouts d’ailes pour stabiliser la voile et descendre plus vite)
– Enroulage de thermiques.
– Découverte de nouveaux sites.

Le but de ces exercices est de provoquer les mouvement que l’on recontrera par la suite dans des conditions plus costauds ou lorsque l’on cherchera vraiment à prendre les thermiques. Ca permet de s’habituer à ces mouvements, de les comprendre et de savoir comment réagir.

Le petit plouf du matin avec l’attéro à côté du Lac

Petite rando au Puy de Rent en vue d’un vol montagne (avec 15 kilos sur le dos)

Mais arrivés en haut, y’avait trop de vent pour décoller, la looze, en plus ca meulait grave !

Enfin c’est pas grave, par ce que ce qu’on a vu la haut valait quand même le coup

Et le soir, on reste des heures à contempler le soleil couchant qui va se coucher

FX