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Apple à l’assaut du marché de la musique

mardi 20 janvier 2004

Avec les nouveaux logiciels Logic présentés la semaine dernière, Apple veut dominer le marché de la musique. En segmentant sa gamme de programmes sur le même schéma que ses solutions vidéo et en étendant sa stratégie au delà de l’audio.

Apple ProLogic 6.0

Après l’image, le son ! En juillet 2002, Apple fait l’acquisition d’eMagic. La société allemande dispose du produit phare du marché de la production musicale : Logic, le logiciel le plus utilisé dans les studios professionnels. Depuis, les équipes de développement l’ont fait progresser vers une version 6 qui fait table rase du passé : la gamme d’eMagic est désormais composée de deux applications, là où la société vendait naguère une douzaine de produits. Logic Pro 6, commercialisé à 999 dollars (788 euros - tarif encore non fixé en Europe), correspond au produit intitulé auparavant Logic Platinum, auquel ont été adjoints 53 plug-ins tirés des produits précédents d’eMagic : ES1, ES2, EVOC20, EVB3, EVD6, EVP88, ESX24 mkII et Space Designer. La création musicale se fait en audio ou Midi en temps réel, supporte jusqu’à 128 pistes simultanées, un nombre illimité de canaux, permet de créer du son Surround 5.1 et 7.1 avec un taux d’échantillonnage allant jusqu’à 192 KHz. Avec Logic Pro 6, Apple gagne près de 300 dollars de plus par logiciel puisque Logic Platinum était commercialisé à 700 dollars. Pour les professionnels, Logic Pro est une aubaine puisqu’il regroupe tous les outils d’eMagic qui étaient vendus auparavant plus de 2 300 dollars. Une segmentation du marché est mise en place, avec une version Logic Express 6 et quelques limitations d’utilisation pour amateurs éclairés, à un tarif de 299 dollars.

Cette simplification de la gamme professionnelle intervient après qu’Apple a introduit son logiciel grand public Garage Band à la MacWorld Expo de San Francisco en ce début d’année. De nouvelles fonctionnalités devraient voir le jour tout autant dans la gamme des produits professionnels que du côté de l’application grand public : Apple a déjà annoncé de nouvelles technologies nommées Sculpture, UltraBeat et Guitar Amp, et la possibilité d’utiliser Logic en complément de Garage Band.

Complémentarité des offres audio et vidéo

En clarifiant son offre, Apple veut imposer l’utilisation de ses technologies à tous les niveaux du marché. Une démarche à mettre en parallèle avec la stratégie qu’Apple déploie sur le terrain du montage vidéo. "Pour des productions de film, le traitement des fichiers son se réalise aujourd’hui sur des Mac en récupérant les images en basse compression directement sur le réseau local", nous a expliqué un ingénieur du son travaillant aussi bien pour des studios que pour des télévisions. "Les offres d’Apple et d’eMagic sont si complémentaires qu’elles nous permettent de réduire drastiquement les temps de production." Derrière l’homogénéité et la complémentarité des offres audio et vidéo, il y a aussi un énorme effort de mise en avant de la plate-forme de la firme et surtout du PowerMac G5. Garage Band, Logic Express 6 et Logic Pro 6 rejoignent donc l’effort stratégique de hub numérique pour pousser les consommateurs, mais aussi les professionnels vers le matériel Apple.

Apple, maître du cinéma en trois ans
Rappel des faits : en mai 1996, Apple rachète à Macromedia le logiciel de montage Final Cut Pro (FCP) avant son lancement. A l’aide d’ingénieurs transfuges de Macromedia, la firme améliore l’application en secret. Conçu et développé par Randy Ubillos (également auteur des versions 1 à 4 d’Adobe Premiere), FCP est annoncé en avril 1999. FCP entre alors en concurrence avec plusieurs éditeurs tiers sur Mac OS : Radius, Media 100, Pinnacle Systems et Discreet Logic. Amélioré à chaque version (et actuellement en version 4), FCP s’arroge aujourd’hui environ un tiers du marché du montage. Ce logiciel a été décliné en deux autres produits : iMovie pour le grand public et Final Cut Express pour les amateurs éclairés. L’utilisation de ces logiciels pousse à l’achat de matériels Apple équipés de processeurs AltiVec pour profiter pleinement de la puissance d’édition disponible. Surtout, Final Cut est désormais incontournable à Hollywood et Apple commence à le propager en Inde, premier pays pour la production de films.


Mac OS X, le son au cœur du système

Si Apple s’attaque aujourd’hui au monde de la musique, c’est parce que Mac OS X est prêt pour cela.

L’effort d’Apple du côté du son intervient un an après la mise à jour de sa technologie de traitement du signal intégrée à Mac OS X. Pour être prioritaires, les services de traitement sonore sont en effet intégrés au système sous la forme de deux API, intitulées Core Audio et Core MIDI. Résultat : un temps de latence de moins d’une microseconde (un millième de milliseconde !). En prime, le traitement du son est unifié au cœur du système, ce qui permet à tous les produits matériels ou logiciels les utilisant d’interagir. Ainsi le composant Core MIDI de Mac OS X contrôle-t-il l’accès des interfaces MIDI, tandis que Core Audio gère les entrées et sorties vers le matériel audio. Apple a ajouté à ces deux composants des unités audio (Audio Units ou AU) qui servent d’interfaces aux plug-ins et aux instruments. Sous Mac OS X, les communications audio et MIDI de toutes les applications sont gérées et intégrées dans le système. Un support qui permet la combinaison d’autant de sources qu’on le désire. L’intégration des Audio Units n’est intervenue qu’en juillet 2002, retardant d’autant la montée en puissance de solutions les utilisant. Et ce n’est pas tout : selon eMagic, l’unité Altivec du G5 permet de traiter les processus vectorisés qui sont au cœur des applications modernes de traitement du son.

Un traitement qui tranche avec Mac OS 9
L’unification du traitement du son sous Mac OS X tranche avec la kyrielle de standards existants sous Mac OS 9. L’inadéquation du gestionnaire de son ne permettait pas un usage professionnel aussi poussé que sous l’actuel système d’exploitation de la firme, même s’il était considéré comme l’un des meilleurs. Surtout, il fallait utiliser des standards aussi variés que AudioSuite, ASIO, Direct I/O, EASI, OMS, MAS, VST... Une pléthore de possibilités qui fragmentait le marché sur Mac.

Marc Geoffroy


Voir en ligne : Article de VNUNet - 19/01/2004

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